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NAM-IP Infos 2019/3 – Recherche
BIG DATA : quelques statistiques

Me sont tombés sous les yeux deux séries de statistiques qui peuvent intéresser les lecteurs de notre Magazine NAM-IP/Infos. Je pense, en effet, qu’aujourd’hui (et demain) s’il faut agir localement, on ne peut plus que réfléchir globalement (c’est-à-dire: à partir de ce qui se vit et se fait tout autour de notre petite planète et où que ce soit dans les domaines qui peuvent intéresser notre action locale).

Les tendances en muséographie

Une première série de données statistiques est celle fournie par la publication du THEMEINDEX2018 qui portait sur les Musées (voir AECOM et Themes Entertainmant Association, 2019) . Le numéro porte, en fait, le titre «Global Attractions Attendance Report» et comporte 88 pages. La section consacrée aux musées se trouve aux pages 62-76. D’autres sections concernent les différents types d’attractions: observatoires, parcs de loisir, etc...

Les grandes tendances sont observées par zone géographique: Amérique du Nord, Asie-Pacifique, Europe-MoyenOrient. Pour ces régions, un classement des 20 musées les plus fréquentés est donné avec le nombre de visiteurs pour 2018 comparé au nombre de visiteurs de 2017 (et % d’accroissement ou de diminution entre les deux relevés).

En Europe-MoyenOrient, les 5 musées les plus visités sont: Le Louvre (Paris, 10.200.000 de visiteurs), les musées du Vatican (Rome, 6.756.000), le British Museum (Londres, 5.869.000), Tate Modern (Londres, 5.829.000), National Galery (Londres, 5.736.000)… et ils sont pratiquement tous en augmentation de 4 à 25 % de leur nombre de visiteurs (sauf la Tate Modern qui a un recul de 1%).

En Asie-Pacifique, les 5 musées les plus visités sont: National Museum of China (Beijing, 8.610.000), China Science Technology Museum (Beijing, 4.400.000), Zhejiang Museum (Hangzhou, China, 4.200.000), National Palace Museum (Taipei, Taywan, 3.360.000), Nanjing Museum (Nanjing, China, 3.670.000). Tous progressent de 7 à 15 % de visiteurs en plus sauf le musée de Taipei qui recule de 13%.

En Amérique du Nord, les 5 musées les plus visités sont The Metropolitan Museum of Art (New-York, 7.360.000), le National Air and Space Museum (Washington DC, 6.200.000), American Museum of Natural History (New York, 5.000.000), National Museum of Natural History, Washington DC, 4.800.000), National Galery of Art, Washington DC, 4.404.000). Et là, sauf pour le Metropolitan Museum de New-York qui progresse de 5 % en nombre de visiteurs, les autres accusent une perte de visiteurs de 12 à 20 % par rapport à 2017! C’est d’ailleurs la seule région où la baisse de fréquentation globale (sur les 20 musées recensés dans cette étude) est de l’odre de 3 %, alors qu’en Asie-Pacifique on assiste à une croissance de plus de 0,5 % et en Europe-MoyenOrient à une croissance globale de plus de 6 %!

L’étude indique que la croissance globale de l’intérêt pour les musées est attribuable principalement aux expositions temporaires, à l’extension de facilités (cafétéria, parking ou autres) et d’améliorations apportées par comparaison avec d’autres musées du même type. La tendance est également de donner la possibilité aux visiteurs d’expérimenter quelque chose, de devenir eux-mêmes des «exposants» ou des acteurs de la réalité muséale présentée. L’Europe reste le leader du monde muséal. Mais le marketing muséal passe de plus en plus par les réseaux sociaux et par la création d’événements spéciaux. La vente de tickets d’entrée en ligne ou dans des pôles collectifs est un autre facteur d’accroissement. Tout comme la création d’annexes délocalisées ou d’expositions itinérantes.

L’organisation d’événements en soirée est également une tendance qui favorise la venue de nouveaux visiteurs. Le caractère de recherche écologique dans la gestion et présentation d’un musée est également un stimulant nouveau.

On peut se demander si ces traits ont quelque chose à apporter à de petits musées comme l’actuel NAM-IP. Il faut ici rappeler que le NAM-IP est dans une phase initiale partant de zéro depuis les jours de sa mise en place (2014-2016) dans des locaux à première vue peu adaptés, mais que ses voisins les plus proches, Bletchley Park (près de Londres) ou Nixdorf-Siemens (à Paderborn) qui ont tous les deux plus de 20 années d’existence, d’actions et de création de leur notoriété dans des espaces beaucoup plus attractif que le NAM-IP, attirent désormais plus de 100.000 visiteurs par an!

Et les efforts consentis jusqu’ici pour faire reconnaître le NAM-IP parmi les «Musées de catégorie B» dans l’échelle normative des musées publiquement soutenus en Fédération Wallonie-Bruxelles sont un processus que d’autres musées, nettement plus anciens, n’ont atteint que récemment voire pas encore atteint !!

Il est donc important de rester attentif aux progrès globaux et aux tendances de la muséographie à travers le monde. Et, sans vouloir se comparer à des colosses comme le Louvre, le Vatican ou le British Museum (aucun musée d’informatique n’arrive d’ailleurs à la cheville de ces colosses), tenter de percevoir les tendances, les attentes de publics qui, eux, s’internationalisent et se s’uniformisent sur la planète.

Le musée qui n’aurait pas au moins un écran avec une image mobile aujourd’hui serait probablement considéré comme «géré à l’ancienne» !!

 La communication électronique en 2019
(Internet et Réseaux sociaux)

On peut trouver dans Internet 23 tableaux de statistiques qui informent sur les tendances de développement en matière de télécommunications. Ce travail est du à la firme canadienne Hootsuite Media qui a ses quartiers à 5E 8th Ave Vancouver BC V5T 1R6, Canada. Il a été relayé dans plusieurs site web depuis sa publication en janvier 2019.

L’accroissement de l’utilisation d’Internet entre 2000 et 2019 a été la plus forte en Afrique (9,941%) suivie par le MoyenOrient (4,893%), l’Amérique latine (2,318%), l’Asie (1,670%), l’Europe (570%), l’Océanie (273%) et l’Amérique du Nord (219%). Ces chiffres s’expliquent par l’antériorité d’accès à ces types de télécommunications en Amérique du Nord ou en Europe, par exemple. En effet, la pénétration d’Internet en Amérique du Nord et en Europe est autour des 90 %, alors qu’elle tourne autour de 60 % un peu partout ailleurs sauf en Afrique où cette pénétration varie de 12 à 50 % selon les pays.

C’est en Thaïlande que l’on passe le plus de temps en ligne (avec 9h38), tandis qu’au Maroc cela plafonne à 2h53 de temps passé en ligne chaque jour.

Si aux USA on passe 6h30 par jour en ligne, dans les pays d’Europe on trouve les moyennes suivantes: Russie (6h27), Italie (6h8), Pologne (5h55), Suède (5h25), Angleterre (5h51), Espagne (5h20), Allemagne (4h52), France (4h48).

Les Operating systems utilisés dans Internet ou en d’autres modes de télécoms, se répartissent comme suit: Android (40.06%), Windows (36,74%), Mac Os et iOS (18,47%), Linux (0,77%).

L’utilisation de Browser ou navigateurs dans Internet présente des caractéristiques assez différentes d’un pays à l’autre. À titre d’exemple, Chrome qui est dominant en beaucoup de lieu voit sa part d’utilisation répartie comme suit: Brésil (77,66%), Chine (61,05%), Russie (50,89%), France (48,43%), États-Unis (44,72%), Canada (44,47%), Allemagne (38,31%). Et l’utilisation des autres navigateurs est encore plus variable avec Opera qui a de bonnes parts en Amérique du Nord et en Europe. Seul Firefox en France et UCBrowser au Nigeria ont une part supérieure à 14,00 % des utilisateurs. Les autres (Safari, Internet Explorer, Yandex ou autres) ont tous moins d’utilisateurs.

Quant aux réseaux sociaux, personne ne s'étonnera de savoir que Facebook domine tous les autres avec ses 65,75% de popularité sur la planète et plus de 2,167 milliards d'utilisateurs mensuels. Suivent: Pinterest (15,06% - très utilisé en Amérique du Nord où il bénéficie de 30,42% d'utilisateurs contre 51,55% à Facebook) et YouTube (7,70%), Twitter (6,81%), Instagram (1,64%).

Et il semble que les femmes utilisent plus les réseaux sociaux que les hommes! Si l'usage des réseaux sociaux diminue proportionnellement à l'âge des utilisateurs, il semble qu'il est plus élevé à mesure que le niveau des études de l'utilisateur est élevé.

Pour les messageries, ce sont Whatsapp et Facebook qui dominent le marché mondial (tous deux appartenant à Facebook!!); mais, bloqués par la Chine, les utilisateurs chinois utilisent Wechat. Les Japonais utilisent Line et les Sud-coréens Kakaotalk (basée en Corée).

Si une majorité de personnes utilisent le Web à partir d'un téléphone portable (52%), une majorité de personnes préfère ensuite utiliser un ordinateur pour ces accès (43%) plutôt qu'une tablette (4%).

Mais la tendance assez nette est la progression vers des accès «mobiles»; en 2018 les ordinateurs de bureau représentaient 43% des usages en communication contre 57% en «mobile»; il semble qu'en 2019 on se dirige vers 37% d'accès par ordinateur de bureau contre 63% en «mobile»!

D'ailleurs la répartition mondiale des outils d'accès aux plate-formes de communication se répartit comme suit: Téléphone (51,20%), Ordinateur de bureau (44,66%), Tablette (4,14%).

L'utilisation de ces outils au long de la journée montre une courbe croissante qui va en culminant entre 17h00 et 24h00. Pour les contenus, les sites pour «adultes» sont les plus fréquentés (13%), suivis des sites de jeux (10%), des sites de sport (8%), de shopping (3%), de santé (2%) et d'information (1%).

Quelles leçons faut-il tirer de ces informations statistiques… si l'on peut en tirer?

Il y a lieu, me semble-t-il de rester curieux et attentif. Une meilleure connaissance d'alternatives aux outils les plus utilisés dans notre environnement local serait à favoriser (qu'offre, par exemple, Pinterest utilisé massivement en Amérique du Nord et pratiquement inconnu en Europe?).

L'utilisation pédagogique de la communication téléphonique semble devenir une priorité. Un musée de l'informatique peut-il proposer des animations dans ce sens et comment mettre en évidence le lien avec les développements proprement «informatiques»? Notamment, la création incessante d'applications pour «mobiles», peut-elle être présentée dans la foulée d'un atelier sur le codage ou l'algorithmique?

Y aurait-il un intérêt à tenter de mesurer une présence similaire sur différents types de supports et de canaux… mais en se créant les outils d'évaluation? Ce foisonnement devrait être un stimulant dans la dynamique d'un musée de l'informatique! 

R.-Ferdinand Poswick