Dès la constitution du Fonds Informatique Pionnière en Belgique – Baanbrekende Informatika in België, ses créateurs et la Fondation Roi Baudouin elle-même ont régulièrement reçu des offres de matériels ou autres artefacts du domaine de l'informatique précieusement conservés par des particuliers conscients que cela pourrait, un jour, devenir une trace rare d'une étape de l'informatique.
On y a réfléchi. Il y a le risque de devenir la poubelle de tous les fonds de greniers qui n'osent pas se dévider dans les «encombrants». Mais, d'autres, comme le futur musée de Rhode Island (U.S.A.), n'hésitent pas à tout accepter: ils se sont mis en partenariat avec un brocanteur spécialisé qui leur rachète les pièces qu'ils ne veulent garder et qui trouve à les revendre sur des marchés de l'occasion où, aujourd'hui, à des petites entreprises qui récupèrent les métaux rares contenus dans ces vieilles machines.
L'entrepôt ACONIT de Grenoble (l'un des membres de notre Réseau de Préservation des Patrimoines Informatiques, RePPI) propose, de son côté, un atelier de recyclage de matériels anciens pour les remettre dans le circuit d'usage pour des personnes ou des groupes qui ne peuvent payer les matériels de dernier cri.
Du fait de la perspective adoptée par NAM-IP pour la présentation muséale (conserver l'unité des “collections” qui forment la base du musée afin de mieux faire ressortir l'aventure humaine globale dont parlent les objets rassemblés et présentés), découlent deux règles assez simples d'acquisitions. La première: vérifier si l'acquisition proposée constitue une “collection” significative et documentée en tant que “collection” (un ensemble lié à l'activité d'une personne, d'un groupe, dans un environnement spécifique ou pour une application précise ayant évolué depuis les origines de l'informatique en Belgique jusqu'à une époque toute récente). La seconde: l'artefact proposé complète-t-il une lacune dans l'une des collections déjà présente?
Complémentairement, bien sûr, l'état de la pièce ou des pièces proposées doit être examiné. Mais, là, il ne faut probablement pas vouloir la perfection, car, dans le cadre muséal tel que “rêvé”, la restauration de machines anciennes, leur remise en état, doit faire partie des activités “ludiques” proposées! Et, parfois, le fait d'avoir deux exemplaires d'une même vieille machine, pourrait permettre la restauration de l'une d'elles par phagocytage de l'une en faveur de la seconde! Quel merveilleux bricolage pour le technicien électronicien bricoleur… surtout si, après son “opération”, la machine morte reprend vie!
Avec une collection qui représente bien une tradition européenne d'informatique pionnière (Collection BULL-FEBB), une autre qui représente une des deux lignées les plus anciennes de l'informatique pionnière aux U.S.A. (Collection Jacques Laffut – Unisys/Univac), une troisième qui représente un applicatif portant l'informatique comme “écriture” (Collection d'Informatique & Bible) et, enfin, une quatrième centrée sur le “calcul” comme moteur logique du computing (Collection Jacques Lemaire), NAM-IP ne présente pas toute la gamme des inventions successives de l'histoire de la l'informatique. Il lui manquerait peut-être une collection dans la tradition d'Apple-MacIntosh; il lui manquerait peut-être un ensemble explicite dans la tradition Hollerith-IBM (très bien représenté dans l'ancienne collection d'IBM-Belgium recueillie par la Maison de la Métallurgie et de l'Industrie de Liège); il lui manquerait un ensemble représentant l'informatique médicale; ou encore un ensemble qui montrerait comment la téléphonie et les télécommunications furent souvent le berceau ou le moteur de développements technologiques informatiques (un aspect assez bien mis en valeur au musée des transmissions militaires de Peutie, près de Melsbroeck, Bruxelles).
Les fondateurs et concepteurs du NAM-IP seront attentifs à ces différents aspects s'ils veulent un développement harmonieux et significatif de leur initiative.
R.-Ferdinand Poswick