Le 8 octobre 2015, j'ai eu la chance d'être invitée à l'inauguration d'une vitrine d'exposition présentant la "monstrueuse", la "fabuleuse", l'"exceptionnelle" machine Burroughs SerieM: la"Moon-Hopkins", généreusement offerte à l'Université de Namur par Jacques Laffut. Pour l'occasion l'UNamur a organisé une "mini-conférence" sur le sujet.
En introduction, Yves Poullet, Vincent Englebert et Naji Habra ont salué le travail de Marie d'Udekem-Gevers pour la réalisation de cette vitrine et ont axé leurs allocutions sur l'importance de la connaissance de nos racines, surtout dans une discipline récente comme l'informatique. Marie d'Udekem-Gevers, quant à elle, nous a raconté l'histoire de cette machine comptable ainsi que son fonctionnement. Grâce à un manuel d'une Moon-Hopkins (à 4 registres seulement au lieu de 7 pour celle offerte par Jacques Laffut!) retrouvé aux USA, nous avons pu comprendre son fonctionnement. Dominique Lambert a fait une parenthèse dans ces explications pour nous parler de l'utilisation de la machine par Monseigneur Georges Lemaître ainsi que de sa nouvelle façon de calculer. En clôture, Marie d'Udekem-Gevers nous a lu un texte, presque poétique, écrit par Gilbert Lemaître sur sa vision de la machine. Neveu de Monseigneur Georges Lemaître, il a été témoin de l'utilisation de cette machine par son oncle.
La vitrine se situe à l'entrée du bâtiment, où elle est si bien intégrée que l'on pourrait passer sans la voir. Elle est à la portée des curieux, de ceux qui feront l'effort d'aller vers elle. L'ensemble de la vitrine est assez sobre, la machine se détachant de son socle par un habile jeu de lumières. Comme si la machine était trop timide pour se dévoiler, assumer son génie.
Pour ceux qui auraient loupé la machine, la frise chronologique ne peut être manquée. Moderne et colorée, contrastant avec l'environnement, elle procure un brin de fraîcheur. La frise reprend les principaux événements de l'histoire de la mécanisation du calcul: des premières machines à calculer à la commercialisation de l'UNIVAC en 1951.
Un deuxième panneau reprend l'histoire de la création et de la commercialisation de la Moon-Hopkins, l'utilisation de la machine (comme machine comptable et comme outils de Monseigneur Georges Lemaître) et ses caractéristiques.
Depuis hier, les étudiants en informatique de l'UNamur n'ont plus le choix, ils devront affronter la "dure réalité": les ordinateurs qu'ils chérissent ne sont que des machines "à peine" plus évoluées que cette "Moon-Hopkins", pour reprendre l'idée du discours d'introduction de Vincent Englebert. Ils devront affronter le passé afin de se construire un avenir, et celui de leur discipline. "Une discipline sans passé est une discipline sans avenir". L'informatique a des racines profondes, ces branches et ces feuilles ont envahi en quelques décennies l'ensemble des facettes de notre civilisation.
Je ne peux m'empêcher de rappeler que le NAM-IP, qui ouvrira ses portes le 27 octobre 2016, retracera l'histoire de cette mutation sociétale via des discours techniques et de terrain assumés par les différents collectionneurs participants au projet. Une inscription sur la vitrine de la faculté d'Informatique signale que ce don vient de la collection de Jacques Laffut, une collection qui rejoindra bientôt le NAM-IP.
Clara Erpicum