Nous avions projeté de faire une «visite guidée» du musée.
Avec plus de 120 personnes qui ont répondu à notre invitation pour l'inauguration, la chose devenait impraticable dans l'état présent des zones d'exposition et de réception. Nous vous proposons donc une brève description des partis que nous avons adoptés pour la scénographie de la première exposition du Computer Museum NAM-IP. Vous pourrez ainsi explorer par vous-même tout l'espace… et vous êtes bienvenus pour une visite guidée dès que vous reviendrez!!
Cette première exposition est intitulée «Aux sources du numérique: des machines qui comptent». En effet, des plus anciennes aux plus récentes, toutes les machines et les artefacts rassemblés ici deviennent précieux et rares du fait de l'obsolescence (programmée ou non) qui fait partie de l'évolution galopante de ce secteur des nouvelles technologies ou TIC qui utilisent l'écriture numérique. Elles comptent aussi parce qu'effectivement, elles traitent tout sous la forme numérique des calculs binaires.
La scénographie a voulu présenter les Collections qui ont été données au Fonds Informatique Pionnière en Belgique créé au sein de la Fondation Roi Baudouin en avril 2013. Une couleur caractérise ces collections: le vert pour la collection Bull; le rouge pour la collection Unisys, le bleu pour la collection de Maredsous qui s'est construite dans la tradition d'IBM. Et, pour inscrire toutes ces pièces dans l'histoire générale de l'informatique (… et de quelques-uns de ses ancêtres directs), une ligne du temps en couleur orange sur les panneaux blancs qui font le tour de la salle et du parcours, permet d'accrocher toutes les machines et artefacts au contexte de leur apparition – on y souligne par un petit drapeau belge («cocorico») les événements de cette histoire qui touchent plus directement la Belgique.
Il y a donc plusieurs parcours possibles du musée; soit on regarde les machines et artefacts en se penchant sur les cartels qui les décrivent, soit on suit la ligne du temps et l'on tente de repérer les machines et artefacts qui y sont indiqués sous forme d'un petit écran d'une couleur significative avec leur numéro d'identification dans l'exposition, petit écran, présenté, comme le drapeau belge par notre puce-mascotte, œuvre de Marine Bernard.
Il faut cependant ne pas quitter les lieux sans avoir au moins vu quelques éléments majeurs:
1. Dans le container central: un des 4 exemplaires originaux encore conservés de la machine à statistiques de Herman Hollerith avec lesquelles il a fait le recensement des États-Unis en deux ans (1888-1890) au lieu de 10. Cet exemplaire est classé comme «trésor par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et la machine est considérée par les historiens de l'informatique comme l'un des débuts de son histoire. La société Hollerith deviendra International Business Machines (IBM) en 1924, une firme qui va dominer tous les marchés de ce domaine au moins jusque dans les années 1990ss!
2. Le musée a la chance de pouvoir présenter un atelier complet de mécanographie en état de fonctionnement dans la tradition européenne des machines Bull. Vous l'entendrez bientôt!
3. Une remarquable collection créée par Jacques Laffut retrace toute l'histoire des machines à calculer de bureau depuis les inventions de William Burroughs, brevetées en 1888 et qui donneront naissance aux entreprises successives: Sperry, Univac, Unisys. Avec, notamment, un exemplaire de la machine comptable et à calculer Moon-Hopkins utilisée par le chanoine Lemaître pour calculer sa théorie du Big-Bang (on fête les 50 ans de son décès cette année!).
4. Les traces d'une application de l'informatique au domaine de l'écriture et du texte depuis l'époque des cartes perforées (1970) jusqu'au smartphone (2016). Cette application ayant porté sur l'une des plus vieilles écritures alphabétiques du monde: l'hébreu, elle a permis de faire prendre conscience de ce que les mutations en cours étaient le fait d'un changement de civilisation par l'adoption d'une écriture nouvelle (l'écriture électronique/numérique) qui remplace, très vite et sur toute la planète, l'écriture alphabétique née à Babylone il y a 3.500 ans. Cette collection attire aussi l'attention sur le fait que les machines, sans le travail d'intelligence (analyse, programmation, façon de traiter des données de tous genres) qui les a conçues et les fait fonctionner, ne sont que de petits amas de ferrailles, de silicium (c'est du sable!!) ou de plastique!!
Avec ce minimum d'information sur le musée et sa première exposition vous pouvez imaginer que les réserves abondantes, et qui s'accroissent de jour en jour, contenues dans la zone arrière de nos espaces avec l'installation de 85 écrans divers qui couronnent nos containers-réserves, ces réserves ouvrent des possibilités de nombreuses expositions thématiques futures. Et vous ne trouverez pas ce type de musée, à ce jour, à moins de 375km d'ici (Padderborn en Allemagne ou Bletchley Parc en Angleterre)!!
Mais je ne veux pas terminer sans attirer votre attention sur le fait que nous avons quelques vrais pionniers parmi nous que je veux honorer, ici et aujourd'hui, en vous encourageant à les rencontrer et les féliciter. Et, notamment, le Cheikh Kahled Ben Tounès qui, suite à un long partage technique et spirituel à Maredsous, a été le premier avec son équipe à numériser le Coran; le Professeur Paul Tombeur, créateur du CETEDOC à Louvain-la-Neuve; sans oublier le Professeur François Bodart, à l'origine de l'Institut d'informatique des Facultés Universitaires (aujourd'hui Université) de Namur; ni le Recteur Yves Poullet, pionnier en matière de droit informatique… et j'en oublie probablement: tous ils sont bien plus importants que tous les artefacts que vous allez voir (mais nous ne pouvons pas les empailler pour les garder parmi nous!!!).
Bonne visite à tous… et dès que le cœur vous en dit, n'hésitez pas à remonter vers la salle d'accueil et d'y prendre un verre… mais également d'y signer le livre d'or qui se trouve dans la même zone!
R.-F. Poswick
Administrateur-Délégué de NAM-IP