L’auteur de La mort de la mort (2011) qui montrait comment la technomédecine allait bouleverser toutes les pratiques au tour de la vie humaine, revient ici sur les conséquences possibles du développement de l’Intelligence Artificielle sur le développement de l’espèce humaine.
Une urgence se dessine de développer l’intelligence humaine pour qu’elle soit de taille à contrôler l’Intelligence artificielle qui, dans le cas contraire, pourrait réduire l’humanité en esclavage, voire la détruire comme un obstacle à son développement qui aurait échappé à la maîtrise des humains. Science fiction? Si tout ne peut pas être pris pour argent comptant, l’inadéquation des apprentissages actuels d’une grande majorité de la population mondiale face au tsunami des contrôles de l’humain par des machines électroniques interconnectées et de plus en plus intelligentes, est une réalité que les responsables sociaux et politiques se doivent de mrendre d’urgence en considération.
Mais un nouveau clivage grave de l’humanité entre ceux qui auront pu s’offrir une formation qui développera leur QI à un niveau encore jamais atteint par la plupart des humains et ceux qui n’auront pas eu accès à de telles améliorations, risquera de créer des conflits sociaux planétaires.
Ceci, au niveau de l’écolage du futur et de ses exigences. Mais l’Auteur voit aussi une progression foudroyante de l’extension et de la qualité d’une IA planétaire à laquelle nous contribuons déjà tous à notre insu: «Nous pensons que le smartphone est le degré ultime de la supériorité technologique de l’Homme, sans comprendre qu’il est en réalité l’outil de sa transformation radicale voire de sa vassalisation» (p. 39). Mais il doit reconnaître que: «L’extraordinaire diversité des discours sur les conséquences de l’IA et sur les réponses à y apporter est inquiétante: nous ne pouvons pas gérer un tel changement de civilisation sans un consensus minimum. Il faut rapidement investir à l’échelle nationale, européenne et mondiale sur la réflexion éthique et politique pour encadrer la civilisationissue de l’industrialisation de l’intelligence» (p.317). En effet «les choix que nous allons faire d’ici 2100 nous engagent pour toujours et certaqins seront irréversibles. La gouvernance et la régulation des technologies qui modifient notre identité – manipulation génétique, sélection embryonnaire, I1, fusion neurone-transistor, colonisation du cosmos – seront fondamentales. À terme, nous n’échapperons pas à une certaine hybridation avec le silicium ni à un eugénisme intellectuel croissant, mais nous devrons essayer de sanctuariser quelques lignes rouges qui fondent notre humanité» (p. 319)
L‘Auteur insiste tout au long du livre sur le rôle capital d’une école fondamentalement renouvelée: «Si l’école ne démocratise pas rapidement l’intelligence biologique, une toute petite élite technologique organisera le passage à marche forcée vers une civilisation post-humaine». (p. 321). Si l’on peut discuter de nombreux points de ses prises de position (je ne suis pas sûr, par exemple, qu’il ait bien saisi la pensée de Teilhard de Chardin sur la noosphère), il faut accepter le cri d’alarme que constitue, une fois de plus, ce livre stimulant!
R.-F. Poswick