Je voudrais partager avec vous les résultats actuels d'excellents contacts que nous avons pu établir il y a deux semaines (18-31 mai 2018) avec le Computer History Museum de Mountain View en Californie, avec Yolande Juste dans le cadre d'un voyage privé consacré d'abord à la visite d'amis français et belges au Colorado et en Californie.
Le principal contact a été avec Mr Dag Spicer, Senior Curator du musée, un américain d'origine canadienne qui a commencé pratiquement seul la mise en œuvre de ce musée de référence dans notre domaine. Cette mise en œuvre se faisait autour d'une grande collection rassemblée par les fondateurs de DEC et un temps exposée à Boston (côte Est), mais stockée durant de longues années dans un hangar loué à l'armée américaine avec possibilité de visites sur demande des collections.
En 2000, profitant d'une dépression économique de l'immobilier en Califormie, l'association du musée a pu racheter un bâtiment assez récent d'une firme en faillite qui comporte près de 10.000m² sur deux niveaux, Mr Bill Gates ayant fait un «petit don» de 10 millions de dollars pour la mise en place, au rez-de-chaussée, de la première exposition Revolution: 2000 sur toute l'histoire de l'informatique, ouverte en 2012.
Dag Spicer dirige aujourd'hui 70 employés appuyés par plusieurs dizaines de «volontaires». Depuis la visite que nous avions faite en fin 2015, seule une nouvelle salle a été créée orientée principalement sur les animations visant les enfants et les jeunes. Les principales impressions de la visite de 2015 ont été confirmées par la longue visite que nous y avons effectué le Lundi 28 mai: il y a beaucoup à voir, beaucoup à lire, et des vidéos de diverses longueurs et qualités dans les 18 zones d'exposition dont on a parfois des difficultés à comprendre l'enchaînement. En plus de ces salles d'exposition où une ou deux visites guidées sont organisées à des heures annoncées, deux «ateliers» permanents, actifs également à des jours et heures annoncés, sont proposés: l'un porte sur un PDP-1 restauré, et l'autre sur un atelier à cartes perforées lié à un IBM-1401/3.
En rencontrant Dag Spicer, nous souhaitions, avant tout, créer des bonnes relations, voire esquisser des synergies avec ce Musée de référence.
Sous réserve de confirmations dans les semaines et mois à venir, nous avons pu définir, avec Dag Spicer, quelques terrains de synergie accueillis réciproquement comme très positifs:
1. Une possibilité de «publicité» réciproque des deux musées à travers leur sites web et Facebook respectifs – peut-être même en offrant, des deux côtés, un «coupon» (gratuit ou payant) pour une visite à l'un de ces musées lors d'un voyage en Californie ou en Belgique;
2. Un contact actif serait établi avec la responsable des animations pédagogiques pour des groupes de jeunes. Dag Spicer a insisté sur l'importance de toucher tous les milieux scolaires.
3. Un pré-accord pour que le NAM-IP puisse utiliser gratuitement les plus de 120 films et vidéos créés par le Computer History Museum. Les fichiers en haute définition seront rendus accessibles au NAM-IP. Ceci constituerait non seulement un apport important (coût des préparations de ce type de matériau: documentation, interview, filmage, montage, etc), mais également une référence importante à utiliser à l'exclusion d'un recours vers n'importe quelle illustration piquée dans Youtube ou ailleurs;
4. Un engagement de Dag Spicer à venir visiter le NAM-IP lors d'un prochain voyage en Europe;
5. L'idée qui semble intéresser le Musée de Mountain View de créer un Réseau International de Préservation des Patrimoines Informatiques et de monter une Conférence pour en rassembler les principaux acteurs.
À ces perspectives encourageantes, je voudrais ajouter quelques enseignements muséologiques glanés lors de notre visite au Colorado et en Californie les 15 derniers jours de mai:
1. Il ne faut pas avoir peur de présenter des textes à lire dans les
zones d'exposition (même s'il faut reconnaître qu'il y a plus d'écrans
vidéos qu'au NAM-IP);
2. Le rôle des «volontaires», plus naturel ou traditionnel dans le monde anglo-saxon, semble capital pour la bonne marche des musées aux USA;
3. Nous avons été heureusement surpris que notre idée de donner le Dossier de Presse du musée aux journalistes sous forme d'une clef USB a été pointée immédiatement par Dag Spicer comme une excellente idée qu'il va tenter de mettre en œuvre chez lui pour l'année prochaine!
Et la bonne idée a été confirmée par la remise en nos mains d'une telle clef USB comme «Dossier de Presse» pour le musée «deYoung» à San Francisco où nous sommes entrés en présentant nos cartes de presse!
4. Dans ce musée «de Young», une importante exposition temporaire se tenait sous le titre «The Cult of the Machine». Elle mettait en évidence un type spécifique d'art né avec la mécanisation. Il a suscité des artistes divers séduits par les formes mécanisées tout au long de l'époque qui précède l'ère informatique. Cet art, représenté là surtout à travers des artistes américains, pourrait faire l'objet d'une exposition temporaire intéressante de cet art qu'on tente de baptiser «art précisionniste». Pourquoi pas exposer, dans la ligne des peintures de Zuse, des œuvres d'Escher ou de François Schuyten?
5. Nous avons noté les coordonnées de la responsable actuelle du petit musée présenté et géré par la firme INTEL dans les principales installations de cette firme à San Jose (Sud de San Francisco): excellentes présentations des circuits intégrés, de leur conception, de leur fabrication, de la miniaturisation toujours plus poussée qui est à la base de l'informatique actuelle!
6. La visite d'une grande exposition temporaire dans le musée de Denver – un des 7 plus grands musées du monde avec ses 46.000 m² (sur 3 niveaux) après le Le Louvre et Saint-Pétersbourg mais avant les musées du Vatican (43.000m²), exposition sur «Les Manuscrits de la Mère Morte (Qumran)» pour laquelle il fallait faire la file et où on ne laissait entrer qu'une quarantaine de personnes toutes les 15 minutes, nous a convaincu que l'apport de la Collection de Maredsous pour attirer un «grande public» restait majeur… à condition que la scénographie et l'espace le permettent!
R.-Ferdinand Poswick