Le dernier état du Code de Déontologie de l’ICOM pour les musées, daté de juin 2017 (ISBN 978-92-9012-421-4) dans le site web de l’ICOM signale que ce Code auquel se réfère, notamment, le nouveau Décret du Ministère de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a été adopté le 4 novembre 1986 (il y a 53 ans) et qu’il a reçu des modifications successivement en 2001 et en 2004 (il y a 15 ans). En 1986, l’Internet public n’existait pas et l’on commençait à utiliser des ordinateurs personnels (PC). Le tout premier musée de l’informatique est né à Bozeman (Montana, USA) en 1990 (voir plus loin dans ce numéro une évocation de ce musée de référence) !
L’ICOM n’a donc pas pu jusqu’ici prendre la mesure des exigences et caractères propres aux musées ou centres d’interprétation de l’informatique qui naissent depuis moins de 30 ans ! Les généralités renfermées dans ce Code de Déontologie de l’ICOM valent évidemment pour tout espace qui présenterait à des publics divers des artefacts dans un domaine quelconque qui mérite une conservation et une mise en évidence pour l’intelligence et le plaisir des humains !
Notamment :
1. Les musées assurent la protection, la documentation et la promotion du patrimoine naturel et culturel de l’humanité.
2. Les musées qui détiennent les collections les conservent dans l’intérêt de la société et de son développement.
3. Les musées détiennent des témoignages de premier ordre pour constituer et approfondir la connaissance.
4. Les musées contribuent à la connaissance, à la compréhension et à la gestion de patrimoine naturel et culturel.
5. Les ressources des musées offrent des possibilités d’autres services et avantages publics.
6. Les musées travaillent en étroite collaboration avec les communautés d’où proviennent les collections, ainsi qu’avec les communautés qu’ils servent.
7. Les musées opèrent dans la légalité.
8. Les musées opèrent de manière professionnelle.
Nous pensons que le Computer Museum NAM-IP répond très largement à ce Code de Déontologie. Mais il y a probablement différents points que la généralisation de la culture liée au numérique doit ajouter ou formuler autrement quand il s’agit de gérer un patrimoine aussi nouveau et lié à une histoire technologique récente qui bouleverse les habitudes de connaissance et de préservation de la mémoire humaine.
Notamment : si l’on peut trouver des archives et de la documentation liés à des fonds plus anciens, l’image numérique de données, les algorithmes, les fichiers de données électroniques (qui sont la matière première de la civilisation du code numérique) posent des questions de préservation et de documentation et de promotion tout à fait nouveaux et encore peu traités de façon claire par les «scientifiques» de la muséologie !
Nous pensons que les musées de l’informatique et de la culture numérique sont les lieux par excellence à partir desquels cette réflexion doit se faire et se partager !
Le NAM-IP est très attentif à ces aspects innovants. Sur base de l’expertise en gestion de Bases de données importantes et multimédia, des personnes qui sont actuellement en charge de la préservation et des inventaires du NAM-IP, une critique objective de l’offre, publique ou «du marché» en la matière, montre toutes les limites de l’application de programmes généraux de gestion de ce genre de problèmes, programmes et formats eux-mêmes souvent dérivés des formats MARC (MAchine Readable Cataloging) et autres MARC-compatibles mis au point, à l’origine pour le catalogage des livres de la Library of Congress de Washington D.C. (1968) !! Des «champs» d’encodage qui deviennent les seuls entrées pour la recherche et supposent que l’utilisateur connaît à l’avance les contenus des Base de Données… ou bien une recherche statistique à l’aveugle à la Google – mais sans stimulant commercial correspondant aux goûts du chercheur et sur un «corpus» dont on ignore tout de la complétude ou de l’incomplétude !
Et physiquement, comment assure-t-on la préservation de logiciels dans la longue durée? Copie? Émulation? Sur quel support? Avec quel accès et quelle visibilité? Un défi que commencent à réfléchir sur différents segments de l’héritage numérique, tant le projet Software Heritage en France que les ingénieurs et conservateurs du Living Computers Museum de Seattle (Washington, USA) – voir plus loin dans ce numéro!
R.-Ferdinand Poswick
Administrateur